Le premier bâtiment représentant la nouvelle architecture en donne les mesures d'entrée de jeu. Le "Grand Hôtel de Primel" fondé par J.F. Poupon en 1891, et dont l'achèvement aura lieu en 1904, déploie son volume dans des proportions étrangères à celles des constructions antérieures voisines. L'ordonnancement de la façade, qui rend perceptible les lieux d'accueil et de réunion par-rapport à l'ensemble des chambres, évoque une vie civile, rythmée -et autonome, le chemin de fer ne venant desservir Primel qu'à partir de 1912. Le touriste est donc isolé, les moyens de communication autres que le rail sont limités ou proposés par l'hôtel lui-même. D'où cette architecture démesurée face à l'échelle rurale, car devant abriter pour plusieurs jours les activités de nombreux citadins.
Le grand Hôtel de Primel
L'Hôtel de la Falaise apparaît dans la logique de cet appel touristique. Au départ, Madame Adeline Leduc fait construire la villa qui porte son prénom dans une intention sans doute locative; cela ne suffit pas: elle fait élever à coté l'hôtel en question. Une impression d'ensemble avec la villa est voulue: même pierre apparente, même type de frise en terre cuite, en haut du corps de bâtiment abritant la cage d'escalier pour la villa, en façade sous la toiture pour l'hôtel. Cette toiture, à brisis, pour donner un meilleur volume aux chambres supérieures, comporte des coyaux régulant l'écoulement de la pluie dans les gouttières; des aisseliers la soutiennent ostensiblement. En dessous, une travée centrale comportant la porte d'entrée est encadrée par deux autres: tel est le tracé simple de la façade qui désigne par deux grandes baies au rez-de-chaussée les espaces collectifs. Granit gris et briques, alternés aux piédroits, forment une unité décorative courante à l'époque. Un petit bâtiment accroché à l'ensemble vers la mer est pourvu d'une terrasse garantie par un balcon en fer où viennent s'appuyer les hôtes des meilleures chambres. Des personnalités de l'époque fréquentent l'hôtel, ainsi Reynaldo Hahn jouera-t-il sur le piano de "La Falaise". Cet engouement sera fatal à l'édicule à terrasse, détruit puis remplacé par une longue salle à manger destinée à accueillir une clientèle de plus en plus nombreuse. Un plan ambitieux est même dessiné par Ch. Penther, architecte à Morlaix : l'hôtel se verrait doublé d'un vaste bâtiment situé en partie parallèlement à la plage, tandis qu'une nouvelle entrée, prévue à l'angle des deux corps sous un bandeau arrondi permettrait de distribuer au mieux l'ensemble. Nous sommes alors en 1929. Le projet ne sera pas poursuivi. Monsieur Lebeurier, propriétaire à cette époque, va voir disparaître la clientèle huppée des origines. L'architecture de l' hôtel ne se modifiera plus.

L'hôtel de la Falaise